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Guerre en Ukraine: Des réfugiés témoignent de ce qu'ils ont vécu

Dès le début de l’invasion russe en Ukraine, la Ville de Differdange s’est mobilisée pour apporter sa contribution à l’accueil des réfugiés.

Des personnes en détresse qui ont dû abandonner leurs maisons, leurs amis, leurs repères et leurs familles devant une guerre aussi insensée que barbare. Dès le 9 mars, Differdange a commencé à accueillir les premiers Ukrainiens, installés désormais dans le Klenge Casino sur la place du Marché et au Karro dans la Grand-rue. L’équipe du DIFFMAG s’est entretenue avec Nataliia, une architecte qui a fui la ville de Kharkiv, et avec une famille de cinq personnes provenant d’une petite ville à côté de Kiev : Olena, son mari Viacheslav, leurs enfants Daniil et Esfir, et la maman de Olena, Svitlana. C’est Veronika Lobanova, une habitante de Differdange, qui nous a aidés bénévolement pour la traduction.

DIFFMAG : De quelle partie de l’Ukraine venez-vous ?
Nataliia : Je viens de Kharkiv. C’est la deuxième plus grande ville du pays, dans l’est de l’Ukraine. J’y travaillais comme architecte. Olena : Nous, on vient du centre de l’Ukraine, près de Kiev. Mon mari est journaliste et moi, je travaille pour une association bénévole qui vient en aide aux personnes dans le besoin. Un peu comme Caritas.
Viacheslav : D’ailleurs, j’essaie encore de soutenir mon pays comme je peux. Ici au Luxembourg, il y a beaucoup de gens qui veulent aider les Ukrainiens. Je collecte tout – que ce soit des vêtements, des aliments, etc. – et une fois par semaine, je pars en Pologne pour tout déposer.

Quand avez-vous décidé de quitter l’Ukraine ?
Olena : Nous sommes partis le 27 février. Nous avons dû laisser beaucoup d’amis et le reste de notre famille là-bas. Viacheslav : En fait, tous les hommes en âge de combattre doivent rester en Ukraine. Mon frère, par exemple. Je lui ai parlé hier sur Skype.

« Tous les hommes en âge de combattre doivent rester en Ukraine. »

– Viacheslav

Et vos enfants, est-ce qu’ils comprennent ce qui se passe ?
Olena : Oui, Daniil, qui a six ans, comprend assez bien la situation.
Daniil : C’est la guerre. Nous avons été attaqués par les Russes. J’ai vu des fusils.
Olena : C’est des images qui l’ont blessé. Nous travaillons avec un psychologue à Ettelbruck pour l’aider à métaboliser ce qu’il a vu.
Et vous, Nataliia, quand avez-vous quitté Kharkiv ?
Nataliia : Moi, je suis partie le 8 mars. La première attaque russe a eu lieu dans la région de Kharkiv, qui se trouve à peine à quarante kilomètres de la frontière russe. J’ai vite compris qu’il fallait que je parte tant que c’était encore possible avec ma maman de 86 ans et ma fille handicapée. En revanche, ma petite-fille est restée en Ukraine. Elle n’a pas voulu quitter sa ferme et ses animaux.

La menace d’une invasion russe n’est pas nouvelle, mais est-ce que vous vous attendiez à cette guerre ?
Nataliia : Non, je crois pouvoir dire qu’en général, les Ukrainiens ont été très étonnés de ce qui est arrivé. La région d’où je viens est russophone. J’ai de la famille en Russie, qui a d’ailleurs été très surprise aussi de cette invasion. À Kharkiv, on discutait beaucoup de l’armée russe amassée à la frontière ukrainienne, mais on ne pensait pas que la Russie déclencherait une guerre. Nous avions des relations amicales avec la Russie depuis si longtemps… Même le gouvernement ne semblait pas y croire.
Parlez-nous de votre voyage pour fuir l’Ukraine…
Nataliia : À Kharkiv, nous avons été aidés par des associations bénévoles pour quitter le pays. J’ai pris le train jusqu’à Lviv, et de là, je suis partie pour Varsovie. On nous a bien accueillis. J’ai été hébergée dans un hôtel quatre étoiles.

C’est à Varsovie que la décision a été prise de nous envoyer au Luxembourg. On nous a dit que le Luxembourg conviendrait bien à notre situation familiale.

Viacheslav : Nous, nous sommes partis en voiture vers la Moldavie. On nous a dit quelle route prendre. Nous avons passé la frontière sans problèmes, et de là, nous sommes venus au Luxembourg.
Olena : Nous nous sommes entassés dans notre Mini One. (Rires)

Est-ce que vous arrivez à vous imaginer un retour en Ukraine une fois la guerre finie ?
Nataliia : Il faudra voir comment la situation va évoluer.
Viacheslav : Moi, je ne voulais pas quitter l’Ukraine. C’est ma femme qui a demandé le statut de réfugié. Je veux retourner dans mon pays dès que possible.

Est-ce que vous avez été surpris par le sentiment de solidarité ici au Luxembourg ?
Olena : J’ai été très surprise par la solidarité des Luxembourgeois.
Viacheslav : Tout le monde n’accueille pas les réfugiés aussi bien.
Olena : C’est vrai. Même dans notre pays, on n’est pas toujours bien accueilli quand on change de ville. Ici, c’est autre chose.
Nataliia : Je ne peux que confirmer. En Ukraine, ma maison a été complètement détruite. Mentalement, je me sentais détruite. Mais je vais un peu mieux depuis que je suis installée dans votre pays. J’ai même recommencé à penser à mon avenir. C’est vraiment parce que j’ai trouvé la paix ici au Luxembourg.

« Je tiens à remercier le Luxembourg. Je ne pensais pas qu’on pouvait être aussi gentil avec des réfugiés. »

Nataliia

D’ailleurs, je tiens à vous remercier. Je ne pensais pas qu’on pouvait être aussi gentil avec des réfugiés. On nous donne tout ce dont nous avons besoin. On m’aide aussi beaucoup avec ma fille handicapée, même si nous parlons très mal l’anglais. Quand les gens voient que nous avons le moindre souci, ils nous aident sans que nous ayons besoin de demander quoi que ce soit. Merci à vous. Merci aussi à Caritas.

Merci à vous surtout, d’avoir accepté de témoigner pour notre magazine.

CONTACT
T. 58 77 1-5555
help.ukraine@differdange.lu
www.differdange.lu/helpukraine

Viacheslav, sa femme Olena, leurs enfants Daniil et Esfir, et la maman de Olena, Svitlana