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Déifferdeng

Bëschcrèche et Bëschschoul

Gadoue et Fantaisie

Au début de cette année scolaire, la Ville de Differdange a décidé d’innover en créant une crèche et une école en forêt avec maison relais pour le cycle 1. Nous avons visité le campus Kannerbongert à Niederkorn.

C’est le matin. Un groupe de petits enfants – «armés» de pantalons de pluie colorés, de parkas, de bottes en caout chouc et de bonnets – et deux adultes s’apprêtent lentement à partir. Après une chanson pour se dire bonjour, il est temps de partir en forêt. Le soleil brille, l’été indien se montre sous son plus beau jour. «Pour nous, il n’y a pas de mauvais temps. Nous passons 365 jours par an dehors avec les enfants, même s’il pleut ou s’il neige. Nous adaptons nos vêtements aux conditions et le cas échéant nous restons moins longtemps dehors», raconte Nathalie Pennartz, éducatrice à la nouvelle crèche en forêt du campus Kannerbongert de Niederkorn. Les enfants ne restent dans les wagons du campus qu’en cas d’orage, de tempête ou ou de battues. Le petit Ben est en phase d’adaptation avec sa grand-mère. Peu à peu, il fait la connaissance de ses 11 nouveaux camarades, du site de la Bëschcrèche et de ses nouvelles personnes de référence, les 2 éducateurs. «Ses parents ont choisi cette garderie en connaissance de cause. Ben adore jouer dans les bois», raconte sa grand-mère pendant que son petit-fils de deux ans gambade dans le chemin boueux. «Sophie, tu es une fille forte», s’exclame Cédric Wampach, un des éducateurs alors que la petite fille aide à pousser le charriot avec les petits-déjeuners dans une montée. Une fois arrivés, les 12 rejetons s’affairent enthousiastes dans la forêt: certains ramassent des branches tombées des arbres, d’autres sont assis dans les feuilles, empilent des cailloux ou s’amusent à courir.

La forêt synonyme de jeux et de mouvement

«Cette clairière est notre place attitrée, notre nid pour ainsi dire», poursuit Nathalie Pennartz. Entretemps, son collègue distribue les cassecroutes et les fruits à ses protégés, qui se sont déjà installés sur de petits troncs d’arbres. «Les enfants apprécient chaque jour dans la nature. Ils sont contents de ne pas devoir passer toute la journée dans une pièce. Dans la forêt, la fantaisie des enfants ne connait pas de limites: les enfants peuvent transformer une branche en téléphone ou alors en pinceau de maquillage. Ou alors ils l’utilisent pour dessiner un visage par terre», explique l’éducatrice en soulignant les avantages de la crèche en forêt de la Ville de Differdange.

Bien entendu, les petits ont aussi le droit de sauter dans la boue; dans la forêt, les enfants sont plus libres, dit-elle. Cependant, ses protégés doivent se tenir à certaines règles: ils ne peuvent rien mettre dans la bouche; ils ne mangent que ce qu’ils ont apporté; ils ne peuvent pas toucher les champignons, les fruits ou les animaux; lorsqu’ils s’éloignent, ils ne doivent jamais perdre les autres des yeux; quand on les appelle, ils répondent par «Ici». Et: tous les enfants et les adultes s’arrêtent lorsqu’on dit «stop».

Prochainement, un petit foyer et un tipi seront aménagés dans la clairière pour compléter les activités. Après le petit-déjeuner, le programme des petits est composé de jeux et de mouvement. Ils peuvent découvrir la forêt comme bon leur semble.

Vers 11 h, le groupe retourne dans les wagons. Les petits peuvent alors profiter d’un déjeuner sous la forme d’un buffet.

Bëschklass: plus de place pour s’épanouir

Changement de décor: sur le site se trouvent aussi deux classes du cycle 1. En tout, 24 enfants âgés de 4 à 6 ans et répartis en 2 classes vont à l’école en pleine nature, quel que soit le temps. Au milieu du verger, ils prennent leur déjeuner avec leurs enseignantes.

C’est Marion Birnbaum qui a eu l’idée de cette école en forêt. «J’ai présenté mon concept à la Ville de Differdange en janvier 2016 et les responsables l’ont approuvé. La crèche en forêt venait tout juste d’être planifiée et les classes en forêt s’y sont ajoutées, explique cette amatrice de la nature originaire de Niederkorn.»

«En pleine nature, les enfants ont plus de place pour s’épanouir. Il y a aussi moins de bruit, ce qui diminue le stress des enfants», précise Lisa Hengen, une des enseignantes. Les deux enseignantes aiment travailler dans la forêt. En plus, le contact avec leurs protégés et leurs parents est plus intense. Lisa Hengen a aussi remarqué que les enfants bavardent davantage en liberté. Cela contribue à améliorer le développement du langage. Des études démontrent que jouer dans la nature développe la fantaisie, les capacités cognitives et la motricité des enfants. Bien entendu, un bilan des compétences des enfants sera aussi effectué dans leurs deux classes. Une fois par semaine, les élèves de la classe en forêt ont cours de gymnastique et de natation. «Nous bricolons et dessinons moins que dans préscolaire traditionnel, mais notre travail est plus tridimensionnel», souligne Marion Birnbaum.

«La Bëschklass est super. Ce que je préfère, c’est collecter les plantes», raconte Max, cinq ans. «Ou alors je joue au chat avec mes amis». Samira, Lina et Lisa hochent de la tête et s’assoient près de leurs camarades dans la prairie. «Les réactions des parents sont positives: après l’école, les enfants sont plus équilibrés et heureux. Mais bien sûr aussi très fatigués», expliquent les deux enseignantes à l’unisson et le sourire aux lèvres.

© DIFFMAG º10 2017